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LIVRE I, CHAP. VII

les cités du Latium : encore n’est-ce qu’à dater de là qu’elle a eu la présidence dans les grandes fêtes latines ; et que, par suite, elle a conquis l’hégémonie de toute la confédération. Il importe de faire connaître le plus exactement possible cet événement décisif dans son histoire.

Rapports de Rome avec le Latium.L’hégémonie de Rome fut établie sur le pied d’une alliance conférant des droits égaux aux parties contractantes. D’un côté était Rome ; de l’autre, la fédération latine. La paix fut déclarée perpétuelle dans tout le territoire ; et l’alliance, aussi perpétuelle, fut offensive et défensive tout à la fois : « Il y aura paix entre les Romains et les cités des Latins, » disait le traité, « aussi longtemps que dureront le ciel et la terre : les fédérés ne se feront point la guerre entre eux ; ils n’appelleront point l’ennemi dans le pays et ne lui livreront point passage ; si l’ennemi les attaque, ils seront secourus par tous ; le gain de la guerre faite en commun sera partagé entre tous ». Égalité complète dans les relations de la vie et du commerce, dans la jouissance du crédit, dans le droit d’hérédité : langues et mœurs pareilles : rapports multiples et quotidiens entre les villes alliées : tout créait la communauté des intérêts, resserrait l’alliance et produisait aussitôt l’effet obtenu de nos jours par la suppression des barrières douanières. Chaque cité pourtant conserva son droit propre : entre le droit latin et celui des Romains, il n’y eut pas identité nécessaire et préconçue, du moins jusqu’au temps de la guerre sociale. Citons un exemple : les fiançailles consommées engendraient une action, qui fut maintenue chez les Latins, alors que depuis longtemps elle avait disparu à Rome. Mais le génie de la loi latine était simple et populaire ; il tendait à fonder partout l’égalité : et bientôt, dans le régime du droit privé, il amena, pour le fond et pour la forme, l’iden-