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RÉFORME DE LA CONSTITUTION

échange de sa protection (p. 104) ; dont il appartenait à lui seul de déterminer les prestations et les corvées, et qu’il trouvait toujours prêts enfin à s’enrôler pour la défense de leur protecteur.— Ainsi donc, à côté des citoyens romains une nouvelle communauté d’habitants s’était fondée : des clientèles était sortie la plèbe. Le nom nouveau caractérise la situation. Certes, il n’y a pas de différence en droit entre le client et le plébéien, le subordonné et l’homme du peuple ; en fait, il en existe une grande. Le client, c’est l’homme assujetti au patronage fort lourd d’un des citoyens ; le plébéien est le Romain auquel manquent les privilèges politiques. À mesure que s’éteint chez lui le sentiment de la dépendance vis-à-vis d’un particulier, le simple habitant supporte impatiemment son infériorité civique ; et, sans le pouvoir suprême du roi, qui s’étend également sur tous, la lutte s’ouvrirait promptement entre l’aristocratie privilégiée et la foule des déshérités.

Constitution de Servius.Le premier pas vers la fusion totale des deux classes n’eut pas lieu cependant par l’effet d’une révolution, quoiqu’il semble qu’une révolution fût la seule issue. La réforme attribuée au roi Servius Tullius se perd dans les ténèbres qui enveloppent tous les autres événements d’une époque, dont le peu que nous en savons ne nous est pas parvenu par la tradition historique, et ne consiste que dans les inductions de la critique après examen des institutions postérieures. Cette réforme, on le voit par elle-même, n’a point été faite à la demande et dans l’intérêt des plébéiens : elle leur impose des devoirs, sans leur conférer des droits. Elle est due, sans doute, ou à la sagesse d’un roi, ou aux instances des citoyens, jusque-là chargés tout seuls du service militaire, et voulant aussi que les simples habitants concourussent enfin au recrutement des légions. À dater de la réforme Servienne, le service à l’armée et, par voie de conséquence, l’impôt