Page:Momas - Association de demi-vierges, tome 2.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à toutes les ivresses sensuelles, qui n’attaquaient pas la virginité, il nous eût successivement abandonnées, une heure aurait sonné où la colère dominant nos esprits, nous l’eussions accablé de malédictions et nous nous fussions peut-être jetées les unes sur les autres. Tisse avait trop d’esprit pour s’exposer à de pareilles extrémités. Son feu se ralentissant, à mesure que grandissait devant ses yeux un nouvel astre, il travaillait les sentiments de sa préférée pour l’amener à comprendre que la jalousie était une sottise, que le plaisir ne portait tort qu’à ceux qui voulaient tout pour eux, et qu’il fallait être aussi bien accueillante pour un autre prêtre qu’on l’avait été pour lui. Alors, une après-midi, on était mandé dans son salon réservé et il vous présentait à un jeune abbé, avec lequel il vous laissait, et qui vous contentait en son lieu et place. J’échus ainsi à l’abbé Béron, gentil garçon de trente à trente-cinq ans, qui paracheva mon éducation. L’abbé Tisse demeurait notre grand maître, mais il nous confiait à des coadjuteurs. La méthode de l’abbé Béron n’était pas celle de l’abbé Tisse.