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le nouvel aumônier, l’abbé Tisse, avec lequel nous ne négligions pas de coqueter, après s’être emparé de là confiance de quelques-unes des plus hardies de nos compagnes, connaissait tout ce qui se passait entre nous et devait toutes nous interroger successivement au confessionnal. Il y eut de la peur d’abord, puis une curiosité très vive de savoir ce qu’il en résulterait. Deux amies avaient rompu leur attachement à la suite de leur confession, Berthe Harvincourt et Émilienne de Vercoulomb : un nuage d’hypocrisie pèse sur nous toutes. On dissimula ses entraînements, on attendit. Que se passait-il ? Successivement les amours entre élèves se dénouaient : les non initiées s’irritaient de ne pas en connaître la raison : l’abbé agissait lentement, avec prudence, avançant dans les cœurs, à mesure qu’il conquérait les esprits. Et mon tour arriva. À te dire vrai, déjà plusieurs fois en confession, j’avais essayé d’attaquer. À mon grand dépit, dès que j’entamais le chapitre intimité, l’aumônier intervenait par une phrase correcte qui coupait court à la confidence, interrogeait au lieu d’écouter et me ren-