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lescence, il s’était battu pour celle qu’il aimait, elle était morte peu après, il avait estimé la blessure inguérissable, il avait surmonté cette sentimentalité du début dans toutes sortes d’aventures, il en riait à cette heure, et voilà qu’il suivait avec impatience ces petits doigts qui séparaient les tranches de l’orange, se demandant s’il allait les baiser ou les mordre, ou simplement les guider avec bestialité dans son pantalon.

On aurait dit qu’elle pressentait ce qui s’accomplissait dans son âme : elle souriait, gaminait de la tête, essuyait d’un coup de lèvre une goutte de jus qui tombait sur ses doigts, et elle lui dit soudain, tendant la main :

— Êtes-vous gourmand ? À vous de lécher cette petite goutte.

Il prit la main, la lécha, et elle lui introduisit dans la bouche une tranche.

— Mangez, Monsieur, s’écria-t-elle.

Elle retira la main, et d’un mouvement fou, brusque, il se déboutonna la culotte.

Il demeura indécis devant la tranquillité avec laquelle elle continua à absor-