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Scène IV

PANDOLFE, ANSELME
ANSELME

Et jamais ici-bas…Ah ! bon Dieu ! je frémis !
Pandolfe qui revient ! Fût-il bien endormi !
Comme, depuis sa mort, sa face est amaigrie !
Las ! ne m’approchez pas de plus près, je vous prie ;
J’ai trop de répugnance à coudoyer un mort.

PANDOLFE

D’où peut donc provenir ce bizarre transport ?

ANSELME

Dites-moi de bien loin quel sujet vous amène.
Si pour me dire adieu vous prenez tant de peine,
C’est trop de courtoisie, et véritablement
Je me serais passé de votre compliment.
Si votre âme est en peine, et cherche des prières,
Las ! je vous en promets ; et ne m’effrayez guères.
Foi d’homme épouvanté, je vais faire à l’instant
Prier tant Dieu pour vous que vous serez content.
Disparaissez donc, je vous prie,
Et que le ciel par sa bonté,
Comble de joie et de santé
Votre défunte seigneurie !

PANDOLFE, riant.

Malgré tout mon dépit, il m’y faut prendre part.

ANSELME

Las ! pour un trépassé, vous êtes bien gaillard !