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HIPPOLYTE

Quoi ! tout ce grand projet, qui m’a mise en courroux,
Tu l’as formé pour moi, Mascarille ?

MASCARILLE

Tu l’as formé pour moi, Mascarille ? Oui, pour vous ;
Mais puisqu’on reconnaît si mal mes bons offices,
Qu’il me faut de la sorte essuyer vos caprices,
Et que, pour récompense, on s’en vient de hauteur
Me traiter de faquin, de lâche, d’imposteur,
Je m’en vais réparer l’erreur que j’ai commise,
Et dès ce même pas rompre mon entreprise.

HIPPOLYTE, l’arrêtant.

Eh ! ne me traite pas si rigoureusement,
Et pardonne aux transports d’un premier mouvement.

MASCARILLE

Non, non, laissez-moi faire ; il est en ma puissance
De détourner le coup qui si fort vous offense.
Vous ne vous plaindrez point de mes soins désormais ;
Oui, vous aurez mon maître, et je vous le promets.

HIPPOLYTE

Eh ! mon pauvre garçon, que ta colère cesse !
J’ai mal jugé de toi, j’ai tort, je le confesse.
(Tirant sa bourse.)
Mais je veux réparer ma faute avec ceci.
Pourrais-tu te résoudre à me quitter ainsi ?

MASCARILLE

Non, je ne le saurais, quelque effort que je fasse ;
Mais votre promptitude est de mauvaise grâce.