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MASCARILLE

Il est vrai, c’est tomber d’un mal dedans un pire.
Il faut pourtant l’avoir. Allez chez Trufaldin.

LÉLIE

Que faire ?

MASCARILLE

Que faire ? Je ne sais.

LÉLIE

Que faire ? Je ne sais.C’en est trop, à la fin ;
Et tu me mets à bout par ces contes frivoles.

MASCARILLE

Monsieur, si vous aviez en main force pistoles,
Nous n’aurions pas besoin maintenant de rêver
À chercher les biais que nous devons trouver,
Et pourrions, par un prompt achat de cette esclave,
Empêcher qu’un rival vous prévienne et vous brave.
De ces Égyptiens qui la mirent ici,
Trufaldin, qui la garde, est en quelque souci ;
Et, trouvant son argent qu’ils lui font trop attendre,
Je sais bien qu’il serait très ravi de la vendre :
Car enfin en vrai ladre il a toujours vécu,
Il se ferait fesser pour moins d’un quart d’écu ;
Et l’argent est le dieu que surtout il révère :
Mais le mal, c’est…

LÉLIE

Mais le mal, c’est… Quoi ? c’est…

MASCARILLE

Mais le mal, c’est… Quoi ? c’est… Que monsieur votre père
Est un autre vilain qui ne vous laisse pas,
Comme vous voudriez bien, manier ses ducats ;