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LES
FEMMES SAVANTES

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COMÉDIE.

ACTE I.



Scène première.

ARMANDE, HENRIETTE.
armande.

Quoi ? le beau nom de fille est un titre, ma sœur,
Dont vous voulez quitter la charmante douceur ?
Et de vous marier vous osez faire fête[1] ?
Ce vulgaire dessein vous peut monter en tête ?

henriette.

Oui, ma sœur.

armande.

5Oui, ma sœur.Ah ! ce « oui »[2] se peut-il supporter,

  1. Vous osez vous faire fête à vous-même, vous promettre comme une joie, comme un bonheur de vous marier. Faire fête d’une chose à quelqu’un, c’était la vanter beaucoup, en donner une haute ou agréable idée en la lui promettant, en la lui faisant espérer. « Jamais il ne parut si sot, parmi une demi-douzaine de gens à qui elle avoit fait fête de lui. » (La Critique de l’École des femmes, scène ii, tome III, p. 319.) Comparez deux passages des Lettres de Malherbe, tome III de ses Œuvres, p. 373, et tome IV, p. 15. Ce qui de ces exemples de la locution distingue le nôtre, c’est l’absence, dans celui-ci, d’un complément indirect de personne.
  2. Une petite pause, naturelle ici après ce pour permettre de mieux ap-