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Vous ne me voyez point témoigner de colère,
Point mettre l’épée à la main :
C’est un mauvais moyen d’éclaircir ce mystère,
Et j’en puis trouver un plus doux et plus certain.
L’un de nous est Amphitryon ;
Et tous deux à vos yeux nous le pouvons paraître.
C’est à moi de finir cette confusion ;
Et je prétends me faire à tous si bien connaître,
Qu’aux pressantes clartés de ce que je puis être,
Lui-même soit d’accord du sang qui m’a fait naître,
Et n’ait plus de rien dire aucune occasion.
C’est aux yeux des Thébains que je veux avec vous
De la vérité pure ouvrir la connaissance ;
Et la chose sans doute est assez d’importance,
Pour affecter la circonstance
De l’éclaircir aux yeux de tous.
Alcmène attend de moi ce public témoignage :
Sa vertu, que l’éclat de ce désordre outrage,
Veut qu’on la justifie, et j’en vais prendre soin.
C’est à quoi mon amour envers elle m’engage ;
Et des plus nobles chefs je fais un assemblage
Pour l’éclaircissement dont sa gloire a besoin.
Attendant avec vous ces témoins souhaités,
Ayez, je vous prie, agréable
De venir honorer la table
Où vous a Sosie invités.

Sosie.

Je ne me trompais pas. Messieurs, ce mot termine
Toute l’irrésolution :
Le véritable Amphitryon
Est l’Amphitryon où l’on dîne.

Amphitryon.

Ô Ciel ! puis-je plus bas me voir humilié ?
Quoi ? faut-il que j’entende ici, pour mon martyre,
Tout ce que l’imposteur à mes yeux vient de dire,