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Cléanthis.

Comment ? Amphitryon m’ayant su disposer,
Jusqu’à ce que tu vins j’avais poussé ma veille ;
Mais je ne vis jamais une froideur pareille :
De ta femme il fallut moi-même t’aviser ;
Et lorsque je fus te baiser,
Tu détournas le nez, et me donnas l’oreille.

Sosie.

Bon !...

Cléanthis.

Bon !... Comment, bon ?

Sosie.

Bon ! Comment, bon ?...Mon Dieu ! tu ne sais pas pourquoi,
Cléanthis, je tiens ce langage :
J’avais mangé de l’ail, et fis en homme sage
De détourner un peu mon haleine de toi.

Cléanthis.

Je te sus exprimer des tendresses de cœur ;
Mais à tous mes discours tu fus comme une souche ;
Et jamais un mot de douceur
Ne te put sortir de la bouche.

Sosie.

Courage !...

Cléanthis.

Courage !... Enfin ma flamme eut beau s’émanciper,
Sa chaste ardeur en toi ne trouva rien que glace ;
Et dans un tel retour, je te vis la tromper,
Jusqu’à faire refus de prendre au lit la place
Que les lois de l’hymen t’obligent d’occuper.

Sosie.

Quoi ? je ne couchai point.…

Cléanthis.

Quoi ? je ne couchai point.…Non, lâche.

Sosie.

Quoi ? je ne couchai point.…Non, lâche..Est-il possible ?