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Alcmène.

Ah Ciel ! Ô juste Ciel ! Allez, Amphitryon,
Vous vous moquez d’en user de la sorte,
Et vous en devriez avoir confusion.

Amphitryon.

Romps vite ce cachet.

Sosie, ayant ouvert le coffret.

Romps vite ce cachet. Ma foi, la place est vide.
Il faut que par magie on ait su le tirer,
Ou bien que de lui-même il soit venu, sans guide,
Vers celle qu’il a su qu’on en voulait parer.

Amphitryon

Ô Dieux, dont le pouvoir sur les choses préside,
Quelle est cette aventure ? et qu’en puis-je augurer
Dont mon amour ne s’intimide ?

Sosie.

Si sa bouche dit vrai, nous avons même sort,
Et de même que moi, Monsieur, vous êtes double.

Amphitryon.

Tais-toi.

Alcmène.

Tais-toi. Sur quoi vous étonner si fort ?
Et d’où peut naître ce grand trouble ?

Amphitryon.

Ô Ciel ! quel étrange embarras !
Je vois des incidents qui passent la nature ;
Et mon honneur redoute une aventure
Que mon esprit ne comprend pas.

Alcmène.

Songez-vous, en tenant cette preuve sensible,
À me nier encor votre retour pressé ?

Amphitryon.

Non ; mais à ce retour daignez, s’il est possible,
Me conter ce qui s’est passé.

Alcmène.

Puisque vous demandez un récit de la chose,
Vous voulez dire donc que ce n’était pas vous ?

Amphitryon.