Que me dites-vous là ?
Montra de mon accueil une joie incroyable ;
Et que, m’ayant quittée à la pointe du jour,
Je ne vois pas qu’à ce soudain retour
Ma surprise soit si coupable.
Est-ce que du retour que j’ai précipité
Un songe, cette nuit, Alcmène, dans votre âme
A prévenu la vérité ?
Et que m’ayant peut-être en dormant bien traité,
Votre cœur se croit vers ma flamme
Assez amplement acquitté ?
Est-ce qu’une vapeur, par sa malignité,
Amphitryon, a dans votre âme
Du retour d’hier au soir brouillé la vérité ?
Et que du doux accueil duquel je m’acquittai
Votre cœur prétend à ma flamme
Ravir toute l’honnêteté ?
Cette vapeur dont vous me régalez
Est un peu, ce me semble, étrange...
C’est ce qu’on peut donner pour change
Au songe dont vous me parlez.
À moins d’un songe, on ne peut pas sans doute
Excuser ce qu’ici votre bouche me dit.
À moins d’une vapeur qui vous trouble l’esprit,
On ne peut pas sauver ce que de vous j’écoute.
Laissons un peu cette vapeur, Alcmène.
Laissons un peu ce songe, Amphitryon.