Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que le mari ne soit que pour votre vertu,
Et que de votre cœur, de bonté revêtu,
L’amant ait tout l’amour et toute la tendresse.

Alcmène.

Amphitryon, en vérité,
Vous vous moquez de tenir ce langage,
Et j’aurais peur qu’on ne vous crût pas sage,
Si de quelqu’un vous étiez écouté.

Jupiter.

Ce discours est plus raisonnable,
Alcmène, que vous ne pensez ;
Mais un plus long séjour me rendrait trop coupable,
Et du retour au port les moments sont pressés.
Adieu : de mon devoir l’étrange barbarie
Pour un temps m’arrache de vous ;
Mais, belle Alcmène, au moins, quand vous verrez l’époux,
Songez à l’amant, je vous prie.

Alcmène.

Je ne sépare point ce qu’unissent les Dieux,
Et l’époux et l’amant me sont fort précieux.

Cléanthis.

Ô Ciel ! que d’aimables caresses
D’un époux ardemment chéri !
Et que mon traître de mari
Est loin de toutes ces tendresses !

Mercure.

La Nuit, qu’il me faut avertir,
N’a plus qu’à plier tous ses voiles ;
Et, pour effacer les étoiles,
Le Soleil de son lit peut maintenant sortir.




Scène 4


Cléanthis, Mercure.

Mercure veut s’en aller.


Cléanthis.

Quoi ? c’est ainsi que l’on me quitte ?

Mercure.

Et comment donc ? Ne veux-tu pas
Que de mon devoir je m’acquitte ?