Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que son bonheur est extrême
De ce que je suis poltron !
Sans cela, par la mort…

Mercure.

Sans cela, par la mort…Entre tes dents, je pense,
Tu murmures je ne sais quoi ?

Sosie.

Non. Mais, au nom des Dieux, donne-moi la licence
De parler un moment à toi.

Mercure.

Parle.

Sosie.

Parle.Mais promets-moi, de grâce,
Que les coups n’en seront point.
Signons une trêve.

Mercure.

Signons une trêve.Passe ;
Va, je t’accorde ce point.

Sosie.

Qui te jette, dis-moi, dans cette fantaisie ?
Que te reviendra-t-il de m’enlever mon nom ?
Et peux-tu faire enfin, quand tu serais démon,
Que je ne sois pas moi ? que je ne sois Sosie ?

Mercure.

Comment, tu peux...

Sosie.

Comment, tu peux...Ah ! tout doux :
Nous avons fait trêve aux coups.

Mercure.

Quoi ? pendard, imposteur, coquin...

Sosie.

Quoi ? pendard, imposteur, coquin...Pour des injures,
Dis-m’en tant que tu voudras :
Ce sont légères blessures,
Et je ne m’en fâche pas.

Mercure.

Tu te dis Sosie ?

Sosie.

Tu te dis Sosie ? Oui. Quelque conte frivole…