Hé bien ! es-tu Sosie à présent ? qu’en dis-tu ?
Tes coups n’ont point en moi fait de métamorphose ;
Et tout le changement que je trouve à la chose,
C’est d’être Sosie battu.
Encor ? Cent autres coups pour cette autre impudence.
De grâce, fais trêve à tes coups.
Fais donc trêve à ton insolence.
Tout ce qu’il te plaira ; je garde le silence :
La dispute est par trop inégale entre nous.
Es-tu Sosie encor ? dis, traître !
Hélas ! je suis ce que tu veux ;
Dispose de mon sort tout au gré de tes vœux :
Ton bras t’en a fait le maître.
Ton nom était Sosie, à ce que tu disais ?
Il est vrai, jusqu’ici j’ai cru la chose claire ;
Mais ton bâton, sur cette affaire,
M’a fait voir que je m’abusais.
C’est moi qui suis Sosie, et tout Thèbes l’avoue :
Amphitryon jamais n’en eut d’autre que moi.
Toi, Sosie ?
Il peut bien prendre garde à soi.
Ciel ! me faut-il ainsi renoncer à moi-même,
Et par un imposteur me voir voler mon nom ?