Et sa déloyauté va paroître trop noire,
Pour souffrir qu’il en ait le succès qu’on veut croire.
Scène VI.
ELMIRE, CLÉANTE, MARIANE, DAMIS,
DORINE.
Avec regret, monsieur, je viens vous affliger ;
Mais je m’y vois contraint par le pressant danger.
Un ami, qui m’est joint d’une amitié fort tendre,
Et qui sait l’intérêt qu’en vous j’ai lieu de prendre,
A violé pour moi, par un pas[1] délicat,
Le secret que l’on doit aux affaires d’État,
Et me vient d’envoyer un avis dont la suite
Vous réduit au parti d’une soudaine fuite.
Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer
Depuis une heure au prince a su vous accuser,
Et remettre en ses mains, dans les traits qu’il vous jette,
D’un criminel d’État l’importante cassette.
Dont, au mépris, dit-il, du devoir d’un sujet
Vous avez conservé le coupable secret.
J’ignore le détail du crime qu’on vous donne ;
Mais un ordre est donné contre votre personne ;
Et lui-même est chargé, pour mieux l’exécuter,
D’accompagner celui qui vous doit arrêter.
Voilà ses droits armés ; et c’est par où le traître
De vos biens qu’il prétend cherche à se rendre maître.
L’homme est, je vous l’avoue, un méchant animal !
Le moindre amusement vous peut être fatal.
J’ai, pour vous emmener, mon carrosse à la porte,
Avec mille louis qu’ici je vous apporte.
Ne perdons point de temps : le trait est foudroyant ;
Et ce sont de ces coups que l’on pare en fuyant.
- ↑ Pour : démarche, Archaïsme et licence considérable.