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Allons, qu’on se rétracte, et qu’à l’instant, fripon
On se jette à ses pieds pour demander pardon.

DAMIS.

Qui ? moi ! de ce coquin, qui par ses impostures…

ORGON.

Ah ! tu résistes, gueux, et lui dis des injures !

À Tartuffe.

Un bâton ! un bâton ! Ne me retenez pas.

À son fils.

Sus ! que de ma maison on sorte de ce pas !
Et que d’y revenir on n’ait jamais l’audace !

DAMIS.

Oui, je sortirai ; mais…

ORGON.

Oui, je sortirai ; mais…Vite, quittons la place !
Je te prive, pendard, de ma succession.
Et te donne, de plus, ma malédiction !


Scène VIII.

ORGON, TARTUFFE.
ORGON.

Offenser de la sorte une sainte personne !

TARTUFFE.

Ô ciel, pardonne-lui la douleur qu’il me donne !

À Orgon.

Si vous pouviez savoir avec quel déplaisir
Je vois qu’envers mon frère on tâche à me noircir

ORGON.

Hélas !

TARTUFFE.

Hélas !Le seul penser de cette ingratitude
Fait souffrir à mon âme un supplice si rude…
L’horreur que j’en conçois… J’ai le cœur si serré,
Que je ne puis parler, et crois que j’en mourrai,

ORGON, courant tout en larmes à la porte par où il a chassé son fils.

Coquin ! je me repens que ma main t’ait fait grâce,
Et ne t’ait pas d’abord assommé sur la place !