Scène V.
Ah ! mon frère, bonjour.
Je sortois, et j’ai joie à vous voir de retour.
La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie.
À Cléante.
Dorine… Mon beau-frère, attendez, je vous prie.
Vous voulez bien souffrir, pour m’ôter de souci,
Que je m’informe un peu des nouvelles d’ici.
À Dorine.
Tout s’est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte ?
Qu’est-ce qu’on fait céans ? comme est-ce qu’on s’y porte ?
Madame eut avant-hier la fièvre jusqu’au soir,
Avec un mal de tête étrange à concevoir.
Et Tartuffe ?
Tartuffe ! il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais et la bouche merveille.
Le pauvre homme !
Le soir elle eut un grand dégoût.
Et ne put, au souper, toucher à rien du tout,
Tant sa douleur de tête étoit encor cruelle !
Et Tartuffe ?
Il soupa, lui tout seul, devant elle ;
Et fort dévotement il mangea deux perdrix,
Avec une moitié de gigot en hachis.
Le pauvre homme !