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monarchie dans tout le monde ; et que tu me donnerais le monde où seroit cette monarchie florissante, où seroit cette province opulente, où seroit cette île fertile, où seroit cette ville célèbre, où seroit cette citadelle incomparable, où seroit ce château pompeux, où seroit cet appartement agréable, où seroit ce cabinet curieux, où seroit ce coffre admirable, où seroit cet étui précieux, où seroit cette riche boîte dans laquelle seroit enfermée la bourse pleine de pistoles, que je me soucierois aussi peu de ton argent et de toi que de cela.

Il s’en va.
Le Barbouillé

Ma foi, je m’y suis mépris : à cause qu’il est vêtu comme un médecin, j’ai cru qu’il lui falloit parler d’argent ; mais, puisqu’il n’en veut point, il n’y a rien de plus aisé que de le contenter. Je m’en vais courir après lui.

Il sort.

Scène III

Angélique, Valère, Cathau.
Angélique

Monsieur, je vous assure que vous m’obligerez beaucoup de me tenir quelquefois compagnie : mon mari est si mal bâti, si débauché, si ivrogne, que ce m’est un supplice d’être avec lui, et je vous laisse à penser quelle satisfaction on peut avoir d’un rustre comme lui.

Valère

Mademoiselle, vous me faites trop d’honneur de me vouloir souffrir. Je vous promets de contribuer de tout mon pouvoir à votre divertissement ; et, puisque vous témoignez que ma compagnie ne vous est point désagréable, je vous ferai connoître, par mes empressemens, combien j’ai de joie de la bonne nouvelle que vous m’apprenez.

Cathau

Ah ! changez de discours, voyez porte-guignon[1] qui arrive.


Scène IV

Le Barbouillé, Valère, Angélique, Cathau.
Valère

Mademoiselle, je suis au désespoir de vous apporter de

  1. Mot composé dont il est inutile d’expliquer le sens et qui se trouve à la fois d’accord avec l’usage populaire et les tentatives de Ronsard.