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NOTICE

entrées et des sorties aux acteurs par l’endroit où elles se joignoient l’une à l’autre.

Ces entrées et ces sorties estoient fort incommodes, et mettoient souvent en désordre les coeffures des comédiens, parce que, ne s’ouvrant que fort peu en haut, elles retomboient rudement sur eux quand ils entroient ou quand ils sortoient. Toute la lumière consistoit d’abord en quelques chandelles dans des plaques de fer-blanc attachées aux tapisseries ; mais comme elles n’éclairoient les acteurs que par derrière et un peu sur les côtés, ce qui les rendoit presque tout noirs, on s’avisa de faire des chandeliers avec deux lattes mises en croix portant chacun quatre chandelles, pour mettre au-devant du théâtre. Ces chandeliers, suspendus grossièrement avec des cordes et des poulies apparentes, se haussoient et se baissoient sans artifice et par main d’homme, pour les allumer et les moucher. La symphonie estoit d’une flûte et d’un tambour, ou de deux méchans violons au plus. »

Telle était, à peu de chose près, la mise en scène des jeunes acteurs de la porte de Nesle. Par économie, probablement, le chef de la troupe, Poquelin, se couvrait ou se barbouillait le visage de farine, comme le faisait Gros-Guillaume, le Fariné de l’hôtel de Bourgogne. Il ne serait pas impossible que deux autres canevas ou farces jouées par sa troupe à Paris, et dont le titre seul nous est parvenu, le Docteur pédant (18 juin 1660), et la Jalousie du Gros-René (15 avril 1663), fussent identiques, sauf le titre, à la Jalousie du Barbouillé.

Le persécuteur des faux docteurs, des faux médecins, des avocats, des scolastiques, de tous ceux qui sacrifient aux mots la réalité de la vie, prend déjà les armes.

Il n’a que vingt ans ; la guerre commence.