faire ; et ce sont des suites fâcheuses, où je n’ai garde de me commettre. Si tu avois senti quelque inclination pour elle, à la bonne heure ; je te l’aurois fait épouser, au lieu de moi ; mais, cela n’étant pas, je suivrai mon premier dessein, et je l’épouserai moi-même.
Eh bien ! mon père, puisque les choses sont ainsi, il faut vous découvrir mon cœur ; il faut vous révéler notre secret. La vérité est que je l’aime depuis un jour que je la vis dans une promenade ; que mon dessein étoit tantôt de vous la demander pour femme ; et que rien ne m’a retenu que la déclaration de vos sentiments, et la crainte de vous déplaire.
Lui avez-vous rendu visite ?
Oui, mon père.
Beaucoup de fois ?
Assez pour le temps qu’il y a.
Vous a-t-on bien reçu ?
Fort bien, mais sans savoir qui j’étois ; et c’est ce qui a fait tantôt la surprise de Mariane.
Lui avez-vous déclaré votre passion, et le dessein où vous étiez de l’épouser ?
Sans doute, et même j’en avois fait à sa mère quelque peu d’ouverture.
A-t-elle écouté, pour sa fille, votre proposition ?
Oui, fort civilement.
Et la fille correspond-elle fort à votre amour ?
Si j’en dois croire les apparences, je me persuade, mon père, qu’elle a quelque bonté pour moi.