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Scène II.

HARPAGON, CLÉANTE, MARIANE, ÉLISE, FROSINE.
Harpagon, à part, sans être aperçu.

Ouais ! mon fils baise la main de sa prétendue belle-mère ; et sa prétendue belle-mère ne s’en défend pas fort ! Y aurait-il quelque mystère là-dessous ?

Élise

Voilà mon père.

Harpagon

Le carrosse est tout prêt ; vous pouvez partir quand il vous plaira.

Cléante

Puisque vous n’y allez pas, mon père, je m’en vais les conduire.

Harpagon

Non : demeurez. Elles iront bien toutes seules, et j’ai besoin de vous.


Scène III.

HARPAGON, CLÉANTE.
Harpagon

Oh çà, intérêt de belle-mère à part, que te semble, à toi, de cette personne ?

Cléante

Ce qui m’en semble ?

Harpagon

Oui, de son air, de sa taille, de sa beauté, de son esprit ?

Cléante

Là, là.

Harpagon

Mais encore ?

Cléante

À vous en parler franchement, je ne l’ai pas trouvée ici ce que je l’avois crue. Son air est de franche coquette, sa taille est assez gauche, sa beauté très médiocre, et son esprit des plus communs. Ne croyez pas que ce soit, mon père, pour vous en dégoûter ; car, belle-mère pour belle-mère, j’aime autant celle-là qu’une autre.

Harpagon

Tu lui disais tantôt pourtant…