Je vous promets que ce qu’il m’a dit ne m’a point du tout offensée ; au contraire, il m’a fait plaisir de m’expliquer ainsi ses véritables sentiments. J’aime de lui un aveu de la sorte ; et s’il avoit parlé d’autre façon, je l’en estimerois bien moins.
C’est beaucoup de bonté à vous, de vouloir ainsi excuser ses fautes. Le temps le rendra plus sage, et vous verrez qu’il changera de sentiments.
Non, mon père, je ne suis pas capable d’en changer, et je prie instamment Madame de le croire.
Mais voyez quelle extravagance ! il continue encore plus fort.
Voulez-vous que je trahisse mon cœur ?
Encore ! Avez-vous envie de changer de discours ?
Eh bien, puisque vous voulez que je parle d’autre façon, souffrez, Madame, que je me mette ici à la place de mon père, et que je vous avoue que je n’ai rien vu dans le monde de si charmant que vous ; que je ne conçois rien d’égal au bonheur de vous plaire, et que le titre de votre époux est une gloire, une félicité que je préférerois aux destinées des plus grands princes de la terre. Oui, Madame, le bonheur de vous posséder est, à mes regards, la plus belle de toutes les fortunes ; c’est où j’attache toute mon ambition. Il n’y a rien que je ne sois capable de faire pour une conquête si précieuse ; et les obstacles les plus puissants…
Doucement, mon fils, s’il vous plaît.
C’est un compliment que je fais pour vous à Madame.
Mon Dieu, j’ai une langue pour m’expliquer moi-même, et je n’ai pas besoin d’un interprète comme vous[1]. Allons, donnez des sièges.
- ↑ Var.Et je n’ai pas besoin d’un procureur comme vous.