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La gloire du bel air n’a rien qui me
chatouille ;
Vous m’assommez l’esprit avec un gros
plâtras ;
Et je tiens heureux ceux qui sont morts à
Coutras,
Voyant tout le papier qu’en sonnets on
barbouille.
M’accable derechef la haine du
cagot,
Plus méchant mille fois que n’est un vieux
magot,
Plutôt qu’un bout-rimé me fasse entrer en
danse !
Je vous le chante clair, comme un
chardonneret ;
Au bout de l’univers je fuis dans une
manse.
Adieu, grand prince, adieu ; tenez-vous
guilleret.
AU ROI
SUR
LA CONQUÊTE DE LA FRANCHE-COMTÉ[1]
Ce sont faits inouïs, grand roi, que tes victoires !
L’avenir aura peine à les bien concevoir ;
Et de nos vieux héros les pompeuses histoires
Ne nous ont point chanté ce que tu nous fais voir.
Quoi ! presque au même instant qu’on te l’a vu résoudre
Voir toute une province unie à tes États !
Les rapides torrents, et les vents, et la foudre,
Vont-ils, dans leurs effets, plus vite que ton bras ?
N’attends pas, au retour d’un si fameux ouvrage,
Des soins de notre muse un éclatant hommage.
Cet exploit en demande, il le faut avouer.
- ↑ On sait que Molière eut plusieurs fois l’honneur de complimenter le roi sur ses conquêtes ; mais aucun de ses compliments n’avait encore été recueilli. Celui-ci fut sans doute prononcé sur le théâtre ; il est resté inconnu à tous les éditeurs de Molière, et ne se trouve que dans l’édition d’Amphitryon, publiée en 1670 chez Jean Ribou.
(Aimé Martin.)