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médecin vous-même. La commodité sera encore plus grande, d’avoir en vous tout ce qu’il vous faut.

toinette.

Cela est vrai. Voilà le vrai moyen de vous guérir bientôt ; et il n’y a point de maladie si osée que de se jouer à la personne d’un médecin.

argan.

Je pense, mon frère, que vous vous moquez de moi. Est-ce que je suis en âge d’étudier ?

béralde.

Bon, étudier ! Vous êtes assez savant ; et il y en a beaucoup parmi eux qui ne sont pas plus habiles que vous.

argan.

Mais il faut savoir bien parler latin, connoître les maladies, et les remèdes qu’il y faut faire.

béralde.

En recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela ; et vous serez après plus habile que vous ne voudrez.

argan.

Quoi ! l’on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ?

béralde.

Oui. L’on n’a qu’à parler avec une robe et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison.

toinette.

Tenez, monsieur, quand il n’y auroit que votre barbe, c’est déjà beaucoup ; et la barbe fait plus de la moitié d’un médecin.

cléante.

En tout cas, je suis prêt à tout.

béralde, à Argan.

Voulez-vous que l’affaire se fasse tout à l’heure ?

argan.

Comment, tout à l’heure ?

béralde.

Oui, et dans votre maison.

argan.

Dans ma maison ?