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argan.

Oui. Venez çà. Avancez là. Tournez-vous. Levez les yeux. Regardez-moi. Hé ?

louison.

Quoi, mon papa ?

argan.

Là.

louison.

Quoi ?

argan.

N’avez-vous rien à me dire ?

louison.

Je vous dirai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d’Âne, ou bien la fable du Corbeau et du Renard, qu’on m’a apprise depuis peu[1].

argan.

Ce n’est pas là ce que je demande.

louison.

Quoi donc ?

argan.

Ah ! rusée, vous savez bien ce que je veux dire !

louison.

Pardonnez-moi, mon papa.

argan.

Est-ce là comme vous m’obéissez ?

louison.

Quoi ?

argan.

Ne vous ai-je pas recommandé de me venir dire d’abord tout ce que vous voyez ?

louison.

Oui, mon papa.

argan.

L’avez-vous fait ?

louison.

Oui, mon papa. Je vous suis venue dire tout ce que j’ai vu.

  1. Perrault ne publia le conte Peau d’Âne qu’en 1694. Il le recueillit de la bouche des nourrices et des petits enfants, comme le constate ce passage de Molière (écrit en 1673), et comme on peut le voir dans le Recueil des pièces curieuses et nouvelles, tant en prose qu’en vers. La Haye, 1694, tome II, p. 21, etc.