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béline.

Je vous trouve aujourd’hui bien raisonnante, et je voudrois bien savoir ce que vous voulez dire par là.

angélique.

Moi, madame ? Que voudrois-je dire que ce que je dis ?

béline.

Vous êtes si sotte, ma mie, qu’on ne sauroit plus vous souffrir.

angélique.

Vous voudriez bien, madame, m’obliger à vous répondre quelque impertinence ; mais je vous avertis que vous n’aurez pas cet avantage.

béline.

Il n’est rien d’égal à votre insolence.

angélique.

Non, madame, vous avez beau dire.

béline.

Et vous avez un ridicule orgueil, une impertinente présomption qui fait hausser les épaules à tout le monde.

angélique.

Tout cela, madame, ne servira de rien. Je serai sage en dépit de vous ; et, pour vous ôter l’espérance de pouvoir réussir dans ce que vous voulez, je vais m’ôter de votre vue.


Scène VIII.

ARGAN, BÉLINE, MONSIEUR DIAFOIRUS, THOMAS DIAFOIRUS, TOINETTE.
argan, à Angélique, qui sort.

Écoute. Il n’y a point de milieu à cela : choisis d’épouser dans quatre jours ou monsieur, ou un couvent. (À Béline.) Ne vous mettez pas en peine : je la rangerai bien.

béline.

Je suis fâchée de vous quitter, mon fils ; mais j’ai une affaire en ville, dont je ne puis me dispenser. Je reviendrai bientôt.

argan.

Allez, m’amour ; et passez chez votre notaire, afin qu’il expédie ce que vous savez.

béline.

Adieu, mon petit ami.