Je lève au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire :
C’est vous en dire assez.
Ouais ! je ne croyois pas que ma fille fût si habile, que de chanter ainsi à livre ouvert, sans hésiter.
Hélas ! belle Philis,
Se pourroit-il que l’amoureux Tircis
Eût assez de bonheur
Pour avoir quelque place dans votre cœur ?
Je ne m’en défends point dans cette peine extrême :
Oui, Tircis, je vous aime.
Ô parole pleine d’appas !
Ai-je bien entendu ? Hélas !
Redites-la, Philis ; que je n’en doute pas.
Oui, Tircis, je vous aime.
De grace, encor, Philis !
Je vous aime.
Recommencez cent fois ; ne vous en lassez pas.
Je vous aime, je vous aime ;
Oui, Tircis, je vous aime.
Dieux, rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde,
Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ?
Mais, Philis, une pensée
Vient troubler ce doux transport.
Un rival, un rival…
Ah ! je le hais plus que la mort ;
Et sa présence, ainsi qu’à vous,
M’est un cruel supplice.
Mais un père à ses vœux vous veut assujettir.