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argan.

Tout le regret que j’aurai, si je meurs, ma mie, c’est de n’avoir point un enfant de vous. Monsieur Purgon m’avoit dit qu’il m’en feroit faire un.

monsieur de bonnefoi.

Cela pourra venir encore.

argan.

Il faut faire mon testament, m’amour, de la façon que monsieur dit ; mais, par précaution, je veux vous mettre entre les mains vingt mille francs en or que j’ai dans le lambris de mon alcôve, et deux billets payables au porteur, qui me sont dus, l’un par monsieur Damon, et l’autre par monsieur Gérante.

béline.

Non, non, je ne veux point de tout cela. Ah !… Combien dites-vous qu’il y a dans votre alcôve ?

argan.

Vingt mille francs, m’amour.

béline.

Ne me parlez point de bien, je vous prie. Ah !… De combien sont les deux billets ?

argan.

Ils sont, ma mie, l’un de quatre mille francs, et l’autre de six.

béline.

Tous les biens du monde, mon ami, ne me sont rien au prix de vous.

monsieur de bonnefoi.

Voulez-vous que nous procédions au testament ?

argan.

Oui, monsieur ; mais nous serons mieux dans mon petit cabinet. M’amour, conduisez-moi, je vous prie.

béline.

Allons, mon pauvre petit fils.


Scène X.

ANGÉLIQUE, TOINETTE.
toinette.

Les voilà avec un notaire, et j’ai ouï parler de testament. Votre belle-mère ne s’endort point : et c’est sans doute