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argan, se jetant dans sa chaise.

Ah, ah, ah ! je n’en puis plus.

béline.

Pourquoi vous emporter ainsi ? Elle a cru faire bien.

argan.

Vous ne connoissez pas, m’amour, la malice de la pendarde. Ah ! elle m’a mis tout hors de moi ; et il faudra plus de huit médecines et de douze lavements pour réparer tout ceci.

béline.

Là, là, mon petit ami, apaisez-vous un peu.

argan.

Ma mie, vous êtes toute ma consolation.

béline.

Pauvre petit fils !

argan.

Pour tâcher de reconnoître l’amour que vous me portez, je veux, mon cœur, comme je vous ai dit, faire mon testament.

béline.

Ah ! mon ami, ne parlons point de cela, je vous prie : je ne saurois souffrir cette pensée ; et le seul mot de testament me fait tressaillir de douleur.

argan.

Je vous avois dit de parler pour cela à votre notaire.

béline.

Le voilà là dedans, que j’ai amené avec moi.

argan.

Faites-le donc entrer, m’amour.

béline.

Hélas ! mon ami, quand on aime bien un mari, on n’est guère en état de songer à tout cela.


Scène IX.

MONSIEUR DE BONNEFOI, BÉLINE, ARGAN.
argan.

Approchez, monsieur de Bonnefoi, approchez. Prenez un siège, s’il vous plaît. Ma femme m’a dit, monsieur, que vous étiez fort honnête homme, et tout à fait de ses amis ; et je l’ai chargée de vous parler pour un testament que je veux faire.