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fils de monsieur Diafoirus : je lui ai répondu que je trouvois le parti avantageux pour elle, mais que je croyois qu’il feroit mieux de la mettre dans un couvent.

béline.

Il n’y a pas grand mal à cela, et je trouve qu’elle a raison.

argan.

Ah ! m’amour, vous la croyez ? C’est une scélérate ; elle m’a dit cent insolences.

béline.

Hé bien ! je vous crois, mon ami. Là, remettez-vous. Écoutez, Toinette : si vous fâchez jamais mon mari, je vous mettrai dehors. Çà, donnez-moi son manteau fourré et des oreillers, que je l’accommode dans sa chaise. Vous voilà je ne sais comment. Enfoncez bien votre bonnet jusque sur vos oreilles : il n’y a rien qui enrhume tant que de prendre l’air par les oreilles[1].

argan.

Ah ! ma mie, que je vous suis obligé de tous les soins que vous prenez de moi !

béline, accommodant les oreillers qu’elle met autour d’Argan.

Levez-vous, que je mette ceci sous vous. Mettons celui-ci pour vous appuyer, et celui-là de l’autre côté. Mettons celui-ci derrière votre dos, et cet autre-là pour soutenir votre tête.

toinette, lui mettant rudement un oreiller sur la tête.

Et celui-ci pour vous garder du serein.

argan, se levant en colère, et jetant tous ses oreillers à Toinette, qui s’enfuit.

Ah ! coquine, tu veux m’étouffer !


Scène VIII.

ARGAN, BÉLINE.
béline.

Hé là, hé là ! Qu’est-ce que c’est donc ?

  1. Ce passage est imité d’Horace. Il y a dix-huit cents ans que ce grand poëte conseilloit à ceux qui veulent attraper des successions de tenir une conduite à peu près semblable à celle de Béline :

    « Obsequio grassare : mone, si increbruit aura,
    Cautus uti velet carum caput,
     » etc.


    « Obsédez par vos complaisances. Au plus léger souffle du vent, dites : Couvrez bien cette tête qui nous est si chère ! » (Horace, Satire V, livre II).
    (Aimé Martin.)