Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/614

Cette page a été validée par deux contributeurs.

argan.

Et la raison ?

toinette.

La raison, c’est que votre fille n’y consentira point[1].

argan.

Elle n’y consentira point ?

toinette.

Non.

argan.

Ma fille ?

toinette.

Votre fille. Elle vous dira qu’elle n’a que faire de monsieur Diafoirus, de son fils Thomas Diafoirus, ni de tous les Diafoirus du monde.

argan.

J’en ai affaire, moi, outre que le parti est plus avantageux qu’on ne pense. Monsieur Diafoirus n’a que ce fils-là pour tout héritier ; et, de plus, monsieur Purgon, qui n’a ni femme ni enfants, lui donne tout son bien en faveur de ce mariage ; et monsieur Purgon est un homme qui a huit mille bonnes livres de rente.

toinette.

Il faut qu’il ait tué bien des gens, pour s’être fait si riche.

argan.

Huit mille livres de rente sont quelque chose, sans compter le bien du père.

toinette.

Monsieur, tout cela est bel et bon ; mais j’en reviens toujours là : je vous conseille, entre nous, de lui choisir un autre mari ; et elle n’est point faite pour être madame Diafoirus.

argan.

Et je veux, moi, que cela soit.

toinette.

Hé, fi ! ne dites pas cela.

argan.

Comment ! que je ne dise pas cela ?

toinette.

Hé, non.

  1. Tout ce jeu de théâtre est emprunté au Tartuffe, acte II, scène II. (Bret.)