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argan.

Quoi ! coquine…

toinette.

Si vous querellez, je pleurerai.

argan.

Me laisser, traîtresse…

toinette, interrompant encore Argan.

Ah !

argan.

Chienne ! tu veux…

toinette.

Ah !

argan.

Quoi ! il faudra encore que je n’aie pas le plaisir de la quereller ?

toinette.

Querellez tout votre soûl : je le veux bien.

argan.

Tu m’en empêches, chienne, en m’interrompant à tous coups.

toinette.

Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que, de mon côté, j’aie le plaisir de pleurer : chacun le sien, ce n’est pas trop. Ah !

argan.

Allons ; il faut en passer par là. Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci. (Après s’être levé.) Mon lavement d’aujourd’hui a-t-il bien opéré ?

toinette.

Votre lavement ?

argan.

Oui. Ai-je bien fait de la bile ?

toinette.

Ma foi ! je ne me mêle point de ces affaires-là ; c’est à monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu’il en a le profit.

argan.

Qu’on ait soin de me tenir un bouillon prêt, pour l’autre que je dois tantôt prendre.

toinette.

Ce monsieur Fleurant-là et ce monsieur Purgon s’égaient sur votre corps ; ils ont en vous une bonne vache à