Chrysale.
Nous verrons si ma femme à mes desirs rebelle…
Clitandre.
La voici qui conduit le notaire avec elle.
Chrysale.
Secondez-moi bien tous.
Martine.
Laissez-moi, j’aurai soin
De vous encourager, s’il en est de besoin.
Scène III.
Philaminte, au notaire.
Vous ne sauriez changer votre style sauvage,
Et nous faire un contrat qui soit en beau langage ?
le notaire.
Notre style est très bon ; et je serois un sot,
Madame, de vouloir y changer un seul mot.
Bélise.
Ah ! quelle barbarie au milieu de la France !
Mais au moins en faveur, monsieur, de la science,
Veuillez, au lieu d’écus, de livres, et de francs,
Nous exprimer la dot en mines et talents ;
Et dater par les mots d’ides et de calendes.
le notaire.
Moi ? Si j’allois, madame, accorder vos demandes,
Je me ferois siffler de tous mes compagnons.
Philaminte.
De cette barbarie en vain nous nous plaignons.
Allons, monsieur, prenez la table pour écrire.
(Apercevant Martine.)
Ah ! ah ! cette impudente ose encor se produire ?
Pourquoi donc, s’il vous plaît, la ramener chez moi ?
- ↑ Les Femmes savantes fournissent une nouvelle preuve de l’art avec lequel Molière savait choisir ses acteurs. — « Il avait opposé à sa Philaminte, à son Armande, à sa Bélise, la simplicité rustique, mais pleine de sens et de naturel, de la bonne Martine. On croit peut-être qu’il chargea une de ses actrices de remplir ce rôle ? Non : il le confia à une de ses servantes qui portait le nom de ce personnage, et qui, sans aucun doute, avait, à son insu, fourni plus d’un trait, pour le peindre, au génie observateur de son maître. Dirigée par Molière et la nature, cette actrice improvisée ne dut rien laisser à désirer. » (Taschereau.)