Riches, pour tout mérite, en babil importun :
Inhabiles à tout, vides de sens commun,
Et pleins d’un ridicule et d’une impertinence
À décrier partout l’esprit et la science.
Philaminte.
Votre chaleur est grande ; et cet emportement
De la nature en vous marque le mouvement.
C’est le nom de rival qui dans votre âme excite[1] !…
Scène IV
Julien.
Le savant qui tantôt vous a rendu visite,
Et de qui j’ai l’honneur de me voir le valet,
Madame, vous exhorte à lire ce billet.
Philaminte.
Quelque important que soit ce qu’on veut que je lise,
Apprenez, mon ami, que c’est une sottise
De se venir jeter au travers d’un discours ;
Et qu’aux gens d’un logis il faut avoir recours,
Afin de s’introduire en valet qui sait vivre.
Julien.
Je noterai cela, madame, dans mon livre.
Philaminte, lit.
« Trissotin s’est vanté, madame, qu’il épouseroit votre fille. Je vous donne avis que sa philosophie n’en veut qu’à vos richesses, et que vous ferez bien de ne point conclure ce mariage, que vous n’ayez vu le poëme que je compose contre lui. En attendant cette peinture, où je prétends vous le dépeindre de toutes ses couleurs, je vous envoie Horace, Virgile, Térence, et Catulle, où vous verrez notés en marge tous les endroits qu’il a pillés. »
Voilà sur cet hymen que je me suis promis,
Un mérite attaqué de beaucoup d’ennemis ;
Et ce déchaînement aujourd’hui me convie
À faire une action qui confonde l’envie,
- ↑ Dans cette scène, Molière eut l’art d’intéresser la cour au succès d’un ouvrage contre lequel il prévoyait que beaucoup de gens pourraient se déchaîner. Aucune des parties intéressées n’osa faire un mouvement. Cotin, quoique honoré de l’amitié d’une princesse, et de celle de plusieurs femmes considérables, ne vit personne s’élever en sa faveur. (Bret.)