Philaminte, à Clitandre.
Il me semble, monsieur…
Clitandre.
Hé ! madame, de grace ;
Monsieur est assez fort, sans qu’à son aide on passe :
Je n’ai déjà que trop d’un si rude assaillant ;
Et, si je me défends, ce n’est qu’en reculant.
Armande.
Mais l’offensante aigreur de chaque repartie
Dont vous…
Clitandre.
Autre second ? Je quitte la partie.
Philaminte.
On souffre aux entretiens ces sortes de combats,
Pourvu qu’à la personne on ne s’attaque pas.
Clitandre.
Hé ! mon Dieu ! tout cela n’a rien dont il s’offense.
Il entend raillerie autant qu’homme de France ;
Et de bien d’autres traits il s’est senti piquer,
Sans que jamais sa gloire ait fait que s’en moquer.
Trissotin.
Je ne m’étonne pas, au combat que j’essuie,
De voir prendre à monsieur la thèse qu’il appuie ;
Il est fort enfoncé dans la cour, c’est tout dit.
La cour, comme l’on sait, ne tient pas pour l’esprit.
Elle a quelque intérêt d’appuyer l’ignorance ;
Et c’est en courtisan qu’il en prend la défense.
Clitandre.
Vous en voulez beaucoup à cette pauvre cour ;
Et son malheur est grand de voir que, chaque jour,
Vous autres beaux esprits vous déclamiez contre elle ;
Que de tous vos chagrins vous lui fassiez querelle,
Et, sur son méchant goût lui faisant son procès,
N’accusiez que lui seul de vos méchants succès.
Permettez-moi, monsieur Trissotin, de vous dire,
Avec tout le respect que votre nom m’inspire ;
Que vous feriez fort bien, vos confrères et vous,
De parler de la cour d’un ton un peu plus doux[1] ;
Qu’à le bien prendre, au fond, elle n’est pas si bête
- ↑ Var. De parler de la cour en homme un peu plus doux.