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ACTE III, SCÈNE V.

Trissotin.
Allez, fripier d’écrits, impudent plagiaire.

Vadius.
Allez, cuistre…

Philaminte.
Allez, cuistre… Eh ! messieurs, que prétendez-vous faire ?

Trissotin, à Vadius.
Va, va restituer tous les honteux larcins
Que réclament sur toi les Grecs et les Latins[1].

Vadius.
Va, va-t’en faire amende honorable au Parnasse,
D’avoir fait à tes vers estropier Horace.

Trissotin.
Souviens-toi de ton livre, et de son peu de bruit.

Vadius.
Et toi, de ton libraire à l’hôpital réduit.

Trissotin.
Ma gloire est établie ; en vain tu la déchires.

Vadius.
Oui, oui, je te renvoie à l’auteur des Satires.

Trissotin.
Je t’y renvoie aussi.

Vadius.
Je t’y renvoie aussi. J’ai le contentement,
Qu’on voit qu’il m’a traité plus honorablement.
Il me donne en passant une atteinte légère[2].
Parmi plusieurs auteurs qu’au Palais on révère ;
Mais jamais dans ses vers il ne te laisse en paix,
Et l’on t’y voit partout être en butte à ses traits.

Trissotin.
C’est par là que j’y tiens un rang plus honorable.

    qu’ils ne servent qu’à envelopper des marchandises. » C’est ainsi qu’on dit poëte des halles. (F. Génin.)

  1. Ce trait porte juste sur Ménage, à qui ses nombreux plagiats avaient seuls fait une célébrité. Le poëte Linière disait qu’il fallait le conduire au pied du Parnasse, et le marquer sur l’épaule.
  2. Boileau, en effet, n’a parlé qu’une seule fois de Ménage, et nu lui a porté qu’une atteinte légère :

    Chapelain veut rimer, et c’est là sa folie :
    Mais bien que ses durs vers, d’épithètes enflés
    Soient ses moindres grimauds chez Ménage sifflés, etc.

    Ces vers de la quatrième satire font allusion à la coterie littéraire qui s’assemblait chez Ménage. (Aimé Martin.)