Trissotin.
Allez, fripier d’écrits, impudent plagiaire.
Vadius.
Allez, cuistre…
Philaminte.
Eh ! messieurs, que prétendez-vous faire ?
Trissotin, à Vadius.
Va, va restituer tous les honteux larcins
Que réclament sur toi les Grecs et les Latins[1].
Vadius.
Va, va-t’en faire amende honorable au Parnasse,
D’avoir fait à tes vers estropier Horace.
Trissotin.
Souviens-toi de ton livre, et de son peu de bruit.
Vadius.
Et toi, de ton libraire à l’hôpital réduit.
Trissotin.
Ma gloire est établie ; en vain tu la déchires.
Vadius.
Oui, oui, je te renvoie à l’auteur des Satires.
Trissotin.
Je t’y renvoie aussi.
Vadius.
J’ai le contentement,
Qu’on voit qu’il m’a traité plus honorablement.
Il me donne en passant une atteinte légère[2].
Parmi plusieurs auteurs qu’au Palais on révère ;
Mais jamais dans ses vers il ne te laisse en paix,
Et l’on t’y voit partout être en butte à ses traits.
Trissotin.
C’est par là que j’y tiens un rang plus honorable.
- ↑ Ce trait porte juste sur Ménage, à qui ses nombreux plagiats avaient seuls fait une célébrité. Le poëte Linière disait qu’il fallait le conduire au pied du Parnasse, et le marquer sur l’épaule.
- ↑ Boileau, en effet, n’a parlé qu’une seule fois de Ménage, et nu lui a porté qu’une atteinte légère :
Chapelain veut rimer, et c’est là sa folie :
Mais bien que ses durs vers, d’épithètes enflés
Soient ses moindres grimauds chez Ménage sifflés, etc.
Ces vers de la quatrième satire font allusion à la coterie littéraire qui s’assemblait chez Ménage. (Aimé Martin.)
qu’ils ne servent qu’à envelopper des marchandises. » C’est ainsi qu’on dit poëte des halles. (F. Génin.)