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ACTE III, SCÈNE II.

l’Épine.
Je m’en suis aperçu, madame, étant par terre.

Philaminte, à Lépine, qui sort.
Le lourdaud !

Trissotin.
Le lourdaud ! Bien lui prend de n’être pas de verre.

Armande.
Ah de l’esprit partout !

Bélise.
Ah de l’esprit partout ! Cela ne tarit pas.

(Ils s’asseyent.)


Philaminte.
Servez-nous promptement votre aimable repas.

Trissotin.
Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose,
Un plat seul de huit vers me semble peu de chose,
Et je pense qu’ici je ne ferai pas mal,
De joindre à l’épigramme, ou bien au madrigal,
Le ragoût d’un sonnet qui, chez une princesse,
A passé pour avoir quelque délicatesse.
Il est de sel attique assaisonné partout,
Et vous le trouverez, je crois, d’assez bon goût.

Armande.
Ah ! je n’en doute point.

Philaminte.
Ah ! je n’en doute point. Donnons vite audience.

Bélise, interrompant Trissotin chaque fois qu’il se dispose à lire.
Je sens d’aise mon cœur tressaillir par avance.
J’aime la poésie avec entêtement.
Et surtout quand les vers sont tournés galamment.

Philaminte.
Si nous parlons toujours, il ne pourra rien dire.

Trissotin.
So…
Bélise, à Henriette.
So… Silence, ma nièce.

Armande.
So… Silence, ma nièce. Ah ! laissez le donc lire.