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LES FEMMES SAVANTES.

Son sort assurément a lieu de vous toucher,
Et c’est dans votre cour que j’en viens d’accoucher.

Philaminte.
Pour me le rendre cher, il suffit de son père.

Trissotin.
Votre approbation lui peut servir de mère.

Bélise.
Qu’il a d’esprit !


Scène II.

Henriette, Philaminte, Armande, Bélise, Trissotin, l’Épine.


Philaminte, à Henriette, qui veut se retirer.
Qu’il a d’esprit ! Holà ! pourquoi donc fuyez-vous ?

Henriette.
C’est de peur de troubler un entretien si doux.

Philaminte.
Approchez, et venez, de toutes vos oreilles
Prendre part au plaisir d’entendre des merveilles.

Henriette.
Je sais peu les beautés de tout ce qu’on écrit,
Et ce n’est pas mon fait que les choses d’esprit.

Philaminte.
Il n’importe : aussi bien ai-je à vous dire ensuite
Un secret dont il faut que vous soyez instruite.

Trissotin, à Henriette.
Les sciences n’ont rien qui vous puisse enflammer,
Et vous ne vous piquez que de savoir charmer.

Henriette.
Aussi peu l’un que l’autre ; et je n’ai nulle envie…

Bélise.
Ah ! songeons à l’enfant nouveau-né, je vous prie.

Philaminte, à Lépine.
Allons, petit garçon, vite de quoi s’asseoir.

Lépine se laisse tomber.

Voyez l’impertinent ! Est-ce que l’on doit choir,
Après avoir appris l’équilibre des choses ?

Bélise.
De ta chute, ignorant, ne vois-tu pas les causes,
Et qu’elle vient d’avoir, du point fixe, écarté
Ce que nous appelons centre de gravité ?