cinquante-six ans ; et surtout elle est pour les nez qui portent des lunettes.
Certes, tu me dis là une chose toute nouvelle.
Cela va plus loin qu’on ne vous peut dire. On lui voit dans sa chambre quelques tableaux et quelques estampes ; mais que pensez-vous que ce soit ? Des Adonis, des Céphales, des Pâris, et des Apollons ? Non : de beaux portraits de Saturne, du roi Priam, du vieux Nestor, et du bon père Anchise, sur les épaules de son fils.
Cela est admirable. Voilà ce que je n’aurois jamais pensé, et je suis bien aise d’apprendre qu’elle est de cette humeur. En effet, si j’avois été femme, je n’aurois point aimé les jeunes hommes.
Je le crois bien. Voilà de belles drogues que des jeunes gens, pour les aimer ! Ce sont de beaux morveux, de beaux godelureaux, pour donner envie de leur peau ! et je voudrois bien savoir quel ragoût il y a à eux !
Pour moi, je n’y en comprends point, et je ne sais pas comment il y a des femmes qui les aiment tant.
Il faut être folle fieffée. Trouver la jeunesse aimable, est-ce avoir le sens commun ? Sont-ce des hommes que de jeunes blondins, et peut-on s’attacher à ces animaux-là ?
C’est ce que je dis tous les jours : avec leur ton de poule laitée, et leurs trois petits brins de barbe relevés en barbe de chat, leurs perruques d’étoupes, leurs hauts-de-chausses tombants, et leurs estomacs débraillés !
Hé ! cela est bien bâti, auprès d’une personne comme vous ! Voilà un homme, cela ; il y a là de quoi satisfaire à la vue ; et c’est ainsi qu’il faut être fait et vêtu pour donner de l’amour.
Tu me trouves bien ?