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LES FEMMES SAVANTES.

Bélise.
Mais… Adieu, pour ce coup ceci doit vous suffire,
Et je vous ai plus dit que je ne voulois dire.

Clitandre.
Mais votre erreur…

Bélise.
Mais votre erreur… Laissez. Je rougis maintenant,
Et ma pudeur s’est fait un effort surprenant.

Clitandre.
Je veux être pendu, si je vous aime ; et sage…

Bélise.
Non, non, je ne veux rien entendre davantage[1].


Scène V.



Clitandre, seul.
Diantre soit de la folle avec ses visions !
A-t-on rien vu d’égal à ces préventions ?
Allons commettre un autre au soin que l’on me donne,
Et prenons le secours d’une sage personne.


fin du premier acte.

  1. Ce passage est imité des Visionnaires de Desmarest, Hespérie a vu Phalante s’entretenir avec Mélisse, sa sœur, Hespérie lui demande le sujet de leur entretien.
    <poem>
    Ma sœur, dites le vrai ; que vous disait Phalante ?
    Mélisse.

    Il me parloit d’amour.

    Hespérie.

    Il me parloit d’amour. La ruse est excellente !
    Donc il s’adresse à vous, n’osant pas m’aborder,
    Pour vous donner le soin de me persuader.

    Mélisse.

    Ne flattez point, ma sœur, votre esprit de la sorte :
    Phalante me parloit de l’amour qu’il me porte.

    Hespérie.

    Vous pensez m’abuser d’un entretien moqueur,
    Pour prendre mieux le temps de le mettre en mon cœur :
    Mais, ma sœur, croyez-moi, n’en prenez point la peine ;
    En vain vous me direz que je suis inhumaine ;
    Que je dois, par pitié, soulager ses amours :
    Cent fois le jour j’entends de semblables discours, etc.
    (Acte II, scène II.) (Aimé Martin.)