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LES FEMMES SAVANTES

COMÉDIE EN CINQ ACTES
1672.


NOTICE.


Après avoir livré dans les Précieuses et l’Impromptu de Versailles deux brillants combats au mauvais goût, aux sentiments affectés et au bel esprit, Molière revint une troisième fois à la charge, mais en élargissant son sujet. Les Précieuses et l’Impromptu n’étaient que d’ingénieuses satires : les Femmes savantes sont à la fois une satire et un traité de morale.

Poète comique, il continua dans cette pièce d’attaquer les prétentions au beau langage, la fatuité de l’esprit, les fadeurs sentimentales. Moraliste, il voulut montrer aux femmes quel est dans la vie domestique leur véritable rôle ; il voulut, non pas, comme on l’a dit à tort, les condamner à l’ignorance, mais les détourner du pédantisme, et surtout leur prouver que la science n’est jamais pour elles un élément de bonheur. En se plaçant à ce point de vue nouveau, en traçant, après de simples esquisses, un tableau complet, Molière ne fit que suivre le développement même des mœurs de son époque. De précieuses qu’elles étaient d’abord, certaines femmes étaient devenues peu à peu encyclopédistes, tout en restant romanesques. Elles savouraient la Calprenède et mademoiselle de Scudéry, en même temps qu’elles méditaient Platon et Descartes ; elles ne tenaient plus seulement des bureaux d’esprit, mais de véritables académies de sciences, et la poursuite vaniteuse d’un savoir souvent stérile les détournait des devoirs simples et graves de leur vie d’épouse et de mère. Dans cette phase nouvelle de la préciosité il n’y avait donc plus seulement un ridicule, mais un véritable danger social, et c’est surtout ce danger que Molière combat dans les Femmes savantes.

Cette comédie, que Voltaire et la plupart des commentateurs