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SCÈNE XXI.

pêche, s’il se peut, qu’aucun fâcheux ne vienne troubler notre divertissement.

(Les violons commencent une ouverture.)

Scène XXI.

La Comtesse, Julie, le Vicomte, le Comte, monsieur Harpin, monsieur Tibaudier, monsieur Bobinet, Criquet.
Monsieur Harpin.

Parbleu ! la chose est belle, et je me réjouis de voir ce que je vois !

La Comtesse.

Holà ! monsieur le receveur, que voulez-vous donc dire avec l’action que vous faites ? Vient-on interrompre comme cela une comédie ?

Monsieur Harpin.

Morbleu ! madame, je suis ravi de cette aventure ; et ceci me fait voir ce que je dois croire de vous, et l’assurance qu’il y a au don de votre cœur, et aux serments que vous m’avez faits de sa fidélité.

La Comtesse.

Mais, vraiment, on ne vient point ainsi se jeter au travers d’une comédie, et troubler un acteur qui parle[1].

Monsieur Harpin.

Eh têtebleu ! la véritable comédie qui se fait ici, c’est celle que vous jouez ; et, si je vous trouble, c’est de quoi je me soucie peu.

La Comtesse.

En vérité, vous ne savez ce que vous dites.

Monsieur Harpin.

Si fait morbleu ! je le sais bien ; je le sais bien, morbleu ! et…

(Monsieur Bobinet, épouvanté, emporte le comte, et s’enfuit ; il est suivi par Criquet.)
La Comtesse.

Hé ! fi, monsieur ! que cela est vilain, de jurer de la sorte !

Monsieur Harpin.

Hé ! ventrebleu ! s’il y a ici quelque chose de vilain, ce ne

  1. Dans la pièce telle qu’elle fut représentée à Saint-Germain, il y avait, comme on l’a vu indiqué à la fin de la scène précédente, un divertissement dont le détail n’est point arrivé jusqu’à nous. C’est à cette circonstance que font allusion ces mots : troubler un acteur qui parle.