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SCÈNE XVII.

Le Vicomte.

Me voilà supplanté, moi, par Monsieur Tibaudier.

La Comtesse.

Ne pensez pas vous moquer ; pour des vers faits dans la province, ces vers-là sont fort beaux.

Le Vicomte.

Comment, madame, me moquer ? Quoique son rival, je trouve ces vers admirables, et ne les appelle pas seulement deux strophes, comme vous, mais deux épigrammes, aussi bonnes que toutes celles de Martial.

La Comtesse.

Quoi ! Martial fait-il des vers ? Je pensais qu’il ne fît que des gants[1].

Monsieur Tibaudier.

Ce n’est pas ce Martial-là, madame ; c’est un auteur qui vivoit il y a trente ou quarante ans.

Le Vicomte.

Monsieur Tibaudier a lu les auteurs, comme vous le voyez. Mais allons voir, madame, si ma musique et ma comédie, avec mes entrées de ballet, pourront combattre dans votre esprit les progrès des deux strophes et du billet que nous venons de voir.

La Comtesse.

Il faut que mon fils le comte soit de la partie ; car il est arrivé ce matin de mon château, avec son précepteur, que je vois là-dedans.


Scène XVII.

La Comtesse, Julie, le Vicomte, monsieur Tibaudier, monsieur Bobinet, Criquet.
La Comtesse.

Holà ! Monsieur Bobinet, monsieur Bobinet, approchez-vous du monde.

Monsieur Bobinet.

Je donne le bon vespre[2] à toute l’honorable compagnie. Que désire Madame la comtesse d’Escarbagnas de son très humble serviteur Bobinet ?

  1. Ce Martial, qui ne faisait point de vers, était marchand parfumeur, et joignait à cette qualité celle de valet de chambre de Monsieur.
    (Aimé Martin.)
  2. C’est-à-dire, le bonsoir.