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Acte III, scène II.

soldats de sa compagnie qui interrogent ceux qu’ils trouvent, et occupent par pelotons toutes les avenues de votre maison : de sorte que vous ne sauriez aller chez vous, vous ne sauriez faire un pas, ni à droit, ni à gauche, que vous ne tombiez dans leurs mains.

Géronte.

Que ferai-je, mon pauvre Scapin ?

Scapin.

Je ne sais pas, monsieur ; et voici une étrange affaire. Je tremble pour vous depuis les pieds jusqu’à la tête, et… Attendez.

(Scapin fait semblant d’aller voir au fond du théâtre s’il n’y a personne.)
Géronte, en tremblant.

Hé ?

Scapin, revenant.

Non, non, non, ce n’est rien.

Géronte.

Ne saurois-tu trouver quelque moyen pour me tirer de peine ?

Scapin.

J’en imagine bien un ; mais je courrois risque moi, de me faire assommer.

Géronte.

Hé ! Scapin, montre-toi serviteur zélé. Ne m’abandonne pas, je te prie.

Scapin.

Je le veux bien. J’ai une tendresse pour vous qui ne sauroit souffrir que je vous laisse sans secours.

Géronte.

Tu en seras récompensé, je t’assure ; et je te promets cet habit-ci quand je l’aurai un peu usé.

Scapin.

Attendez. Voici une affaire que je me suis trouvée fort à propos pour vous sauver. Il faut que vous vous mettiez dans ce sac et que…

Géronte

Ah !

Scapin.

Non, non, non, non, ce n’est personne. Il faut, dis-je, que vous vous mettiez là dedans, et que vous gardiez de remuer en aucune façon. Je vous chargerai sur mon dos, comme un

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