Scène III
C’est toi qui te veux ruiner par des emprunts si condamnables !
C’est vous qui cherchez à vous enrichir par des usures si criminelles !
Oses-tu bien, après cela, paroître devant moi ?
Osez-vous bien, après cela, vous présenter aux yeux du monde ?
N’as-tu point de honte, dis-moi, d’en venir à ces débauches-là, de te précipiter dans des dépenses effroyables, et de faire une honteuse dissipation du bien que tes parents t’ont amassé avec tant de sueurs ?
Ne rougissez-vous point de déshonorer votre condition par les commerces que vous faites ; de sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d’entasser écu sur écu, et de renchérir, en fait d’intérêts, sur les plus infâmes subtilités qu’aient jamais inventées les plus célèbres usuriers ?
Ôte-toi de mes yeux, coquin ; ôte-toi de mes yeux !
Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n’a que faire ?
La plaisante aventure !
Quoi ! jusques à son sang étendre son usure ?
Laissons-les.
Débauché, traitre, infâmen vaurien ! Je me retranche tout pour t’amasser du bien, J’épargne, je ménage, et mon fonds que j’augmente, Tous les ans, pour le moins, de mille francs de rente, N’est que pour t’élever sur ta condition, etc. (Aimé Martin)</poem>