ACTE TROISIÈME.
Scène I
Oui, vos amants ont arrêté entre eux que vous fussiez ensemble ; et nous nous acquittons de l’ordre qu’ils nous ont donné.
Un tel ordre n’a rien qui ne me soit fort agréable. Je reçois avec joie une compagne de la sorte ; et il ne tiendra pas à moi que l’amitié qui est entre les personnes que nous aimons ne se répande entre nous deux.
J’accepte la proposition, et ne suis point personne à reculer, lorsqu’on m’attaque d’amitié.
Et lorsque c’est d’amour qu’on vous attaque ?
Pour l’amour, c’est une autre chose ; on y court un peu plus de risque, et je n’y suis pas si hardie.
Vous l’êtes, que je crois, contre mon maître maintenant ; et ce qu’il vient de faire pour vous doit vous donner du cœur pour répondre comme il faut à sa passion.
Je ne m’y fie encore que de la bonne sorte ; et ce n’est pas assez pour m’assurer[1] entièrement, que ce qu’il vient de faire. J’ai l’humeur enjouée, et sans cesse je ris ; mais, tout en riant, je suis sérieuse sur de certains chapitres ; et ton maître s’abusera, s’il croit qu’il lui suffise de m’avoir achetée, pour me voir toute à lui. Il doit lui en coûter autre chose que de l’argent ; et, pour répondre à son amour de la manière qu’il souhaite, il me faut un don de sa foi, qui
- ↑ Pour rassurer.