tures. Il vous en faudra pour le rapport des substituts, pour les épices de conclusion[1], pour l’enregistrement du greffier, façon d’appointements, sentences et arrêts, contrôles, signatures, et expéditions de leurs clercs, sans parler de tous les présents qu’il vous faudra faire. Donnez cet argent-là à cet homme-ci, vous voilà hors d’affaire.
Comment, deux cents pistoles !
Oui, vous y gagnerez. J’ai fait un petit calcul en moi-même, de tous les frais de la justice ; et j’ai trouvé qu’en donnant deux cents pistoles à votre homme, vous en aurez de reste, pour le moins, cent cinquante, sans compter les soins, les pas et les chagrins que vous épargnerez. Quand il n’y auroit à essuyer que les sottises que disent devant tout le monde de méchants plaisants d’avocats, j’aimerais mieux donner trois cents pistoles, que de plaider.
Je me moque de cela, et je défie les avocats de rien dire de moi.
Vous ferez ce qu’il vous plaira, mais si j’étois que de vous, je fuirois les procès.
Je ne donnerai point deux cents pistoles.
Voici l’homme dont il s’agit[2].
- ↑ Anciennement, les plaideurs donnaient aux juges des dragées et des confitures, pour les remercier du gain d’un procès ; et cela s’appelait des épices, parce qu’avant la découverte des Indes on employait, dans ces friandises, les épices au lieu de sucre ; les épices du palais, qui n’étaient d’abord qu’un présent volontaire, devinrent par la suite une véritable taxe qui se payait en argent, et n’en conservait pas moins le nom d’épices. (Auger.)
- ↑ Le fond de cette scène appartient à Térence. Dans sa pièce, le parasite faisant le calcul de ce qu’il lui fallait d’argent, a demandé d’abord dix mines pour dégager une petite terre, puis dix autres mines pour dégager une petite maison, puis encore dix autres mines pour acheter une petite esclave à sa femme, pour se procurer quelques petits meubles, et pour payer les frais de la noce. On reconnaît tout le sujet, toute la marche de la scène française. (Auger.)