« Plus, une peau d’un lézard de trois pieds et demi, remplie de foin : curiosité agréable pour pendre au plancher d’une chambre.
» Le tout, ci-dessus mentionné, valant loyalement plus de quatre mille cinq cents livres, et rabaissé à la valeur de mille écus, par la discrétion du prêteur[1]. »
Que la peste l’étouffe avec sa discrétion, le traître, le bourreau qu’il est ! A-t-on jamais parlé d’une usure semblable ? et n’est-il pas content du furieux intérêt qu’il exige, sans vouloir encore m’obliger à prendre pour trois mille livres les vieux rogatons qu’il ramasse ? Je n’aurai pas deux cents écus de tout cela ; et cependant il faut bien me résoudre à consentir à ce qu’il veut ; car il est en état de me faire tout accepter, et il me tient, le scélérat, le poignard sur la gorge.
Je vous vois, Monsieur, ne vous en déplaise, dans le grand chemin justement que tenoit Panurge pour se ruiner, prenant argent d’avance, achetant cher, vendant à bon marché, et mangeant son blé en herbe[2].
- ↑ La Belle Plaideuse, comédie de Boisrobert, jouée l’an 1654, paraît avoir fourni à Molière l’idée de cet inventaire.
…À votre père il feroit des leçons.
Têtebleu, qu’il en sait, et qu’il fait de façons !
C’est le fesse-matthieu le plus franc que je sache.
J’ai pensé lui donner deux fois sur la moustache.
Il veut bien nous fournir les quinze mille francs ;
Mais, monsieur, les deniers ne sont pas tous comptants.
Admirez le caprice injuste de cet homme :
Encor qu’au denier douze il prête ce somme
Sur bonne caution, il n’a que mille écus
Qu’il donne argent comptant.
ERGASTE.
Où donc est le surplus ?
PHILIPIN.
Je ne sais si je puis vous le conter sans rire ;
Il dit que du cap Vert il lui vient un navire ;
Et fournit le surplus de la somme en guenons,
En fort beaux perroquets, en douze gros canons,
Moitié fer, moitié fonte, et qu’on vend à la livre.
Si vous voulez ainsi la somme, on vous la livre, etc… - ↑ C’est le texte même de Rabelais »Abattant bois, bruslant les grosses souches pour la vente des cendres, prenant argent d’avance, acheptant cher, vendant à bon marché, et mangeant son bled en herbe. » (Liv. III, ch. ii)